CONCLUSION
À la lumière de ces différentes analyses, nous constatons qu’il reste encore plusieurs éléments à approfondir afin de pouvoir affirmer la viabilité du projet de Madla-Revheim. Comme les analyses présentées se basent sur la proposition conceptuelle de MVRDV et Space Group, les notions de base concernant la réussite d’un projet urbain ont pu être étudiées, mais certains aspects demeurent trop imprécis afin de pouvoir véritablement porter un jugement final.
Le principal enjeu du projet de Madla-Revheim est d’établir un modèle de développement urbain viable pour la ville pétrolière de Stavanger en s’ancrant dans une logique de développement durable. Agissant à titre de point de départ pour l’aménagement du site de Madla-Revheim, le projet demeure en constante transformation puisqu’il est au coeur des discussions à la ville de Stavanger. Le projet présente donc des intentions claires, justes et positives, alors que dans l’application, nous pouvons toujours percevoir des problématiques considérables. D’autres enjeux ont pu être soulevés tout au long de l’analyse et nous avons jugé pertinent de les analyser sous différents angles. Tout d’abord, les concepteurs avaient comme intention de renforcer le lien avec la nature en milieu urbain. La ceinture habitée et végétalisée, enclavant les espaces verts centraux, traduit cette volonté de concilier ville et campagne afin de tirer les bienfaits de chacun. Se rapprochant de la cité-jardin de Howard, ce geste formel repose sur des fondements théoriques éprouvés donnant ainsi de la crédibilité à la proposition. Par contre, comme le plan d’ensemble proposé demeure à l’étape conceptuelle, il est difficile d’en tirer des conclusions exactes quant aux qualités de la forme urbaine. Ensuite, la perméabilité était le critère le plus approprié pour analyser un autre enjeu important du projet : la mobilité active. L’intégration du concept de 10 Minute City favorise la perméabilité piétonne et cycliste plutôt que la perméabilité viaire. Cette prise de position est judicieuse et cohérente dans l’idée d’obtenir un quartier visant la mobilité active. Toutefois, la faible relation du projet à la ville de Stavanger mérite un questionnement de la part de la municipalité et serait à améliorer afin que ce dernier soit davantage accessible. Finalement, dans le but d’être en symbiose avec la nature et l’environnement, MVRDV et Space Group ont établi un écosystème en équilibre générant des qualités de vie pour les citoyens. Cette intention s’arrime avec l’intégration de diverses stratégies soient les énergies renouvelables, la gestion des eaux et l’agriculture urbaine.
Nous ne pouvons passer sous silence le paradoxe existant entre les intentions guidant le projet et l’activité économique première de Stavanger. Comme la prémisse du projet réside uniquement dans la prospérité de l’industrie pétrolière, qui est aujourd’hui incertaine, le projet est questionnable. Par contre, il présente en lui-même une bonne capacité d’adaptation, ce qui lui permettrait de résister aux futures perturbations engendrées par l’industrie économique. Le projet étant encore en développement, il est donc possible de réfléchir activement à l’intégration d’une croissance durable en termes d’écologie et d’économie. Le projet se définira donc davantage au cours des prochaines années avec la stabilisation politique et économique possible de la ville de Stavanger.