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Cette distinction franche s’accentue au tournant de l’ère moderne (19e siècle), lorsque l’industrialisation provoque une croissance rapide et désordonnée de la ville. Les nouvelles évidences de pollution, de pauvreté et d’injustice dépeignent une image négative de la ville, où la densité, l’intensité et la vitesse sont des composantes néfastes pour le bien-être. À l’opposé se trouve la campagne qui, à l’abri de l’urbanisation, conserve son milieu naturel prédominant et son caractère paisible loin de la frénésie urbaine. 

LA CITÉ-JARDIN : COEXISTENCE DE LA VILLE ET DE LA CAMPAGNE

À travers l’histoire, plusieurs chercheurs se sont penchés sur le caractère mutuellement exclusif de la ville et de la campagne. En effet, en réponse aux problèmes de la ville moderne, Ebenezer Howard développe, dans son livre To-morrow : A Peaceful Path to Real Reform, un modèle de communauté viable, alliant les bienfaits de la ville et de la campagne, sans leurs inconvénients. Ce concept théorique est une manière de penser la ville autrement, en s’éloignant de la ville industrielle polluée dont on ne contrôle plus le développement et en s’opposant également à la présomption que la campagne est trop loin des villes.

 

« Problems associated with urban overcrowding, following the industrial revolution, made Howard think of a way of combining the advantages of town and country living. His vision, which was considered to be an amalgam of the best features of city and countryside, was a constellation of inter-connected, self-contained new towns, surrounded by a greenbelt and placed around a large main city. » (Sharifi, 2016, p. 4)

« Ville et campagne désignent des entités géographiques distinctes et complémentaires ayant, en exclusivité, un caractère propre, ce qui ferait que la ville serait urbaine, et pas autrement, et que la campagne serait, sans compromis, rurale. » (Mercier & Côté, 2012, p. 140) Selon cette définition, ville et campagne seraient deux entités fondamentalement opposées et renfermeraient des caractéristiques intrinsèques propres. 

Campagne
  • La campagne est caractérisée par une faible densité par rapport aux pôles urbains environnants, par un paysage à dominante végétale 

  • L'ensemble des espaces cultivés habités.

Ville
  • Agglomération relativement importante et dont les habitants ont des activités professionnelles diversifiées. 

  • Zone urbaine fortement peuplée dans laquelle se concentre la majorité des activités humaines d’un pays.

« A Garden City is a town designed for industry and healthy living; of a size that makes possible a full measure of social life, but not larger; surrounded by a permanent belt of rural land; the whole of the land being in public ownership or held in trust for the community. » (Letchworth Garden City Heritage Foundation, 2016)

L'étalement urbain décrit le phénomène d’expansion du territoire urbanisé vers la périphérie de la ville de façon plus rapide que la croissance démographique (Figure 2). En effet, les populations sont, peu à peu, éloignées des centres urbains, vers des communautés à faible densité, monofonctionnelles et généralement dépendantes de la voiture. « Dispersed, auto-dependent development outside of compact urban and village centres, along highways, and in rural countryside […] characterized by leapfrog development, low density, separated land uses, auto dominance, and a minimum of public open space. » (Duany, Plater-Zyberk & Speck, 2000) En plus de décrire une forme particulière d'urbanisation, le terme se rapporte également aux conséquences sociales et environnementales associées à ce développement. 

L'ÉTALEMENT URBAIN : UN FLOU ENTRE URBAIN ET RURAL

Ce processus d’urbanisation remet en question les fondements de concepts inhérents au phénomène de l’étalement urbain : la ville et la campagne ou plutôt l’urbain et le rural. En effet, en repoussant les limites de la zone urbanisée, un flou se crée entre ville et campagne rendant difficile la distinction entre ces deux entités. « L’urbanisation diffuse sur la campagne introduit un brouillage sémantique, dans la mesure où elle fragilise la conception de la ville et de la campagne comme des catégories mutuellement exclusives et qui, de surcroît, n’ont d’autres conditions spatiales que la juxtaposition. Dans cette optique, en effet, la ville et la campagne ont besoin d’une limite pour exister, une limite derrière laquelle l’urbain ou le rural, selon le cas, est rejeté. » (Mercier & Côté, 2012, p.141) 

URBANITÉ ET RURALITÉ

  • la présence d'une ceinture agricole autour de la ville pour l'alimenter en denrées et pour contrôler son étalement ;

  • une densité relativement faible du bâti, environ 30 logements à l’hectare ;

  • la présence d'équipements publics situés au centre de la ville (parcs, galeries de commerces, lieux culturels) ;

  • la maîtrise des actions des entrepreneurs économiques sur l'espace urbain ;

  • une maîtrise publique du foncier, ce dernier appartenant à la municipalité afin d'éviter la spéculation financière sur la terre.

La cité-jardin de Howard se définit par les principes suivants (Figure 1) :

Figure 1 : Schématisation du concept de cité-jardin

Figure 2 : Schématisation du concept d'étalement urbain

Schémas conceptuels explicatifs de la cité-jardin par Howard

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